N° 9 Devenir “un grand écrivain”

Métamorphoses de la reconnaissance littéraire

Devenir un grand écrivain, être reconnu : entre Lumières et Romantisme se fait jour un nouveau rapport à l’ethos de l’homme de Lettres et à son statut dans l’espace social. Il détermine, autant qu’une attitude vis-à-vis d’institutions en pleine mutation, l’expérimentation de nouvelles voies littéraires et un renouvellement de l’imaginaire de la renommée. Entre exigence intime et enjeux publics, la question de la reconnaissance hante la production et la réception littéraires, en ce moment particulier où s’inventent un rôle social de l’écrivain et un rapport au public inédits.

Ce Dossier d’Orages s’efforce de rendre justice à la pluralité des voies de la reconnaissance, qui engagent des institutions objectives, des pratiques et des représentations ancrées dans l’imaginaire social.

La pauvreté de l’homme de lettres, montre Françoise Le Borgne, se pare de valeurs nouvelles dans un temps où les cartes de la reconnaissance sont redistribuées (1753-1797). Florence Lotterie étudie les promotions paradoxales de la « femme auteur » chez Mme de Genlis et Mme Dufrénoy. Stéphanie Loubère analyse les stratégies de reconnaissance associées aux pseudonymes antiques chez les poètes érotiques, Antoine Lilti la politique du nom propre chez Rousseau, quand Mélanie Leroy-Terquem souligne l’obsession nominale qui caractérise la production littéraire des années 1830, traversées par la question : « laisserai-je un nom grand et beau ? » Gregory Brown apporte un nouvel éclairage sur les controverses autour du statut d’auteur dramatique et de la législation sur la propriété littéraire à l’époque révolutionnaire. Lionello Sozzi montre ce que les écrivains de Coppet doivent à Alfieri lorsqu’ils pensent la place et la fonction nouvelles de l’homme de lettres dans la société, en particulier vis-à-vis du pouvoir. Quand la reconnaissance d’un autre écrivain semblera préférable à celle des institutions traditionnelles ou du public, le groupe jouera un rôle capital : Vincent Laisney se penche ainsi sur ce qu’« être reconnu » par la voie cénaculaire veut dire en 1830. À l’horizon, une rupture : cette « mort de la Gloire », ces « stratégies de l’insuccès » dont José-Luis Diaz suit les itinéraires. Le Dossier offre aussi la première réédition moderne de la fameuse comédie satirique de Scribe, Le Charlatanisme, présentée par Jean-Claude Yon.

Le Cahier d’Orages comprend les Varia, le « fil rouge » de Jean-Noël Pascal ainsi qu’un entretien avec Béatrice Didier.

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