Association Orages

Historique de la revue

Tout a commencé en 1996, dans une petite ville de Franche-Comté : quelques amis s’étaient promis de publier un ouvrage critique sur le Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck et se sont pour cela groupés en association. Le sigle Apocope, premier nom de l’Association Orages, n’est du reste rien d’autre qu’un acrostiche : on peut y lire Association Pour la Création d’un Ouvrage sur Pelléas… Une fois l’ouvrage paru, restaient deux possibilités : dissoudre l’association ou changer son objet. Or l’idée avait parallèlement germé, chez quelques-uns, d’une revue consacrée à la littérature et aux arts durant cette période intermédiaire, encore mal connue, de la Révolution et de l’Empire. Non que n’existassent déjà plusieurs périodiques centrés sur cette période : mais on avait affaire à des revues exclusivement historiques (ainsi les célèbres Annales historiques de la Révolution française) ou à d’autres qui affichaient certes leur identité littéraire, mais se dévouaient d’abord au culte d’un genre (les Cahiers Roucher-Chénier ont par exemple tracé, depuis plus d’une vingtaine d’années, la voie menant à une reconnaissance légitime de la poésie de la fin du dix-huitième siècle), voire à celui d’une personnalité choisie : Mme de Staël ou Chateaubriand, bien sûr, mais aussi Benjamin Constant, Rétif de la Bretonne, et quelques autres. Aussi légitimes et souvent passionnantes que fussent ces multiples directions, il semblait important à la nouvelle petite équipe de proposer une autre forme d’approche. De là est née la revue annuelle Orages. Littérature et culture, 1760-1830, éditée par une « association loi 1901 » nommée Apocope puis, depuis 2008, Orages.

La revue a fêté son dixième anniversaire en 2011. Onze volumes ont été à ce jour (automne 2012) publiés, chacun sur une thématique particulière et confié à un ou plusieurs spécialistes de la question. Jean-Noël Pascal, professeur à l’université de Toulouse et François Jacob, directeur de l’Institut Voltaire à Genève, se sont ainsi chargés du premier numéro intitulé Littérature et politique (mars 2002) ; le deuxième numéro, L’imaginaire du héros (mars 2003), a été orchestré par Catriona Seth, aujourd’hui professeur à l’université de Nancy ; le troisième portait comme titre Peut-on écrire l’histoire au présent ? (mars 2004) : cette question était d’autant mieux venue qu’elle permettait de faire une synthèse rapide des enseignements reçus auparavant, le premier numéro étant précisément centré sur l’histoire et le second touchant davantage aux domaines de la fiction (lettres, musique, peinture).

Le quatrième numéro (Boulevard du crime : le temps des spectacles oculaires, mars 2005), orchestré par Olivier Bara (professeur à l’université Lyon 2), a marqué, dans le développement de la revue, une étape décisive. Il a été en effet étrenné une nouvelle maquette. S’agissant de la ligne graphique, il était important de pouvoir offrir aux lecteurs une revue à la fois plus aérée et plus attractive quant à ses illustrations. C’est pourquoi nous avons décidé d’utiliser les logiciels professionnels QuarkXPress ou Indesign et de nous assurer les services d’une professionnelle de l’édition. Celle-ci, qui est membre de notre équipe, a su parfaitement intégrer les données fondamentales du calendrier de fabrication de la revue. Un autre numéro, préparé cette fois par Pierre Frantz (Formes errantes et vagabondes, 2006) a confirmé auprès de nos lecteurs le bien-fondé de cette démarche. Le numéro 6 enfin, préparé par Sadek Neaimi (L’Égypte des Lumières, mars 2007), a vu l’insertion expérimentale d’un cahier iconographique.

Depuis 2008, la revue a poursuivi son chemin, au rythme d’un numéro thématique par an (Poétiques journalistiques, dirigé par Marie-Ève Thérenty ; L’indispensable visite, par Olivier Guichard ; Devenir un grand écrivain, par Jean-Christophe Igalens et Sophie Marchand ; L’œil de la police, par Flavio Borda d’Agua ; Rousseau en musique, par Olivier Bara, Michael O’Dea, Pierre Saby). Désormais dirigée par Olivier Bara, qui a succédé à François Jacob, le fondateur d’Orages, la revue a élargi ses rubriques : un Cahier suit désormais le Dossier thématique et accueille des Varia (articles détachés du thème annuel), le Fil-rouge de Jean-Noël Pascal (qui court à travers les numéros depuis les origines), ainsi qu’un entretien avec un chercheur ou un créateur ayant noué une relation intellectuelle étroite avec la période de mutation que constitue le passage des siècles, entre 1760 et 1830, entre Ancien Régime et société révolutionnée. La maquette graphique est désormais réalisée par Françoise Notter-Truxa, et la mise en pages par Isabelle Treff, au sein de l’UMR 5611 LIRE. Depuis 2010, la revue est diffusée par Belin via les éditions Atlande. Après avoir été soutenue par le CNL, la revue Orages est désormais publiée avec l’aide de l’ARALD au sein de la Région Rhône-Alpes.

D’Apocope à Orages, l’ambition est demeurée intacte pendant toutes ces années : publier une «belle» revue, un objet fidèle à la valeur du livre, relayé et complété (non remplacé) par le support électronique, ouvert aux nouveaux protocoles de la publication et de la lecture en ligne ; y accueillir les chercheurs confirmés comme les doctorants, réunis par un commun intérêt pour une période de passage et d’invention plus que de transition (1760-1830). L’interrogation de l’histoire (et, par ce biais, de notre présent), l’enquête sur la construction de son sens par le discours historique comme par les représentations symboliques portées par la littérature, étendue au-delà des panthéons consacrés : telles sont les passions qui animent la revue Orages.