Sous la direction de Pierre Loubier
Comment penser, mais aussi vivre et écrire la solitude de l’exil et la douleur de
l’expatriation ? Question brûlante, terriblement actuelle. Ce numéro d’Orages
l’aborde sous l’angle de la Littérature et de l’Histoire. La période des Orages est,
elle aussi, féconde en tourments et traumatismes.
Retiré, remercié, disgracié, écarté, arraché, déplacé, extradé, exilé, banni, proscrit,
forclos : nombreuses sont les variations juridiques, géographiques et existentielles
de l’éloignement hors de l’espace public de la patrie. Se pose à l’origine
une pure question de philosophie politique : comment poursuivre une pensée,
une parole, voire une action politique alors qu’on se situe de fait hors du
politique ? Comment être à la fois un ermite et un citoyen, mais aussi comment
construire son expérience – volontaire, et plus souvent subie – en une forme de
destin, fondé sur une figure ?
L’espace de l’ailleurs, asile ou épreuve, modèle et module ainsi les formes de
la parole, qu’elle soit directement ou plus obliquement politique : discours et
campagnes de presse, pamphlets, témoignages, mémoires, correspondances,
fictions romanesques, théâtrales ou lyriques, méditations et essais, toutes
ces expressions solitaires disent la nécessité d’une relation à la communauté.
De l’ermitage de Montmorency jusqu’au rocher noir de Sainte-Hélène, en
passant par l’Amérique et les Alpes, au féminin comme au masculin, malgré tout,
envers et contre tout, une écriture se met en mouvement et résiste à l’effacement,
au silence, à l’oubli.
Le Cahier annuel d’Orages accueille un entretien avec François Rosset, spécialiste
des littératures du XVIII siècle.
Illustration de couverture : Jean-Baptiste Greuze, Le Départ du proscrit, Bayonne, musée
Bonnat-Helleu, dessin, entre 1775 et 1780, inv. rF 51000. ©Bayonne, musée Bonnat-Helleu / cliché
A.Vaquero.
Ce numéro est publié avec le soutien du Centre d’étude de la langue et des littératures
françaises
(CELLF – UMR 8599), du CERHiC – EA 2616 de l’université de Reims Champagne-Ardenne,
de l’ANR AsileuropeXIX, de FoReLLIS – EA 3816 de l’université de Poitiers, de l’IHRIM
UMR 5317 et de l’université de Lausanne (Institut Benjamin Constant).