Préparé par Olivier Ferret et Pierre Frantz
La haine est à la mode. Elle est, hélas, actuelle. Elle a donné lieu à de nombreuses études récentes dans les champs philosophiques, historiographiques, voire esthétiques, qui ont souligné le rôle des affects et de la mise en jeu des émotions dans le discours politique.
Le présent numéro se propose d’explorer les bénéfices d’une approche littéraire, sensible aux enjeux politiques d’une rhétorique, sinon d’une poétique des discours de haine. Pamphlets, théâtre, discours de presse, essais, ils sont souvent anonymes, parfois signés de plumes célèbres, comme Louis-Sébastien Mercier ou Germaine de Staël. Quel rapport pragmatique entretiennent ces textes avec leurs lecteurs et spectateurs ? Quelles sont les incidences de la fracture révolutionnaire, avec ce qu’elle engendre de bouleversements dans
la définition de l’espace public et de la manière dont y circulent les textes, sur la reconfiguration éventuelle des discours, voire sur l’invention d’une langue inédite ? Au fil des épisodes successifs de la Révolution, notamment au cours de la période de Thermidor et du Directoire, quelles figures ou quels groupes cristallisent ces haines politiques ? Comment s’orchestre l’articulation entre la logique passionnelle de la haine et la rationalité supposée du politique ?
La rubrique « Documents » rassemble trois pamphlets prenant pour cible le couple royal, documents non réédités depuis la Révolution.
Les Cahiers d’Orages accueillent cette année un entretien exclusif avec Jean-Claude Berchet, spécialiste de Chateaubriand et de la littérature du tournant des XVIIIe et XIXe siècles.
Illustration de couverture : Les deux ne font qu’un (caricature contre Louis XVI et Marie-Antoinette). Eau-forte coloriée anonyme (1791). BnF, collection De Vinck, 3925 [RC-A_56100]. Cliché Bibliothèque nationale de France.