Présenté par François Lévy
L’opéra a-t-il contribué à l’émergence d’une culture européenne ? Quelle représentation propose-t-il de la civilisation européenne, de son histoire, de ses fondements idéologiques et politiques ? La période à laquelle s’attache la revue Orages (1760-1830) est celle d’un bouleversement du paysage lyrique : si l’opera seria diffusé depuis le début du XVIIIe siècle reste dans un premier temps le spectacle musical dominant en Europe, de nombreux genres lyriques, notamment comiques, se développent dans les pays européens et se contaminent mutuellement. Émergent divers genres nationaux mêlant influences étrangères et traditions populaires locales. La circulation européenne des professionnels de l’opéra (chanteurs, compositeurs, décorateurs, directeurs) amplifie le phénomène durant la période.
C’est cette tension entre l’opéra comme spectacle européen et l’apparition de formes et de genres nationaux, nourris d’inspirations étrangères, qu’explore ce numéro, à travers des études de cas portant sur la France (Michel Noiray), l’Angleterre (David Charlton), l’Espagne (Isabelle Porto San Martin), l’Italie (Olivier Bara), la Scandinavie (Charlotta Wolff) et l’Europe centrale (Milan Pospíšil et Jitka Ludvová). Au-delà des phénomènes de contamination et d’influence esthétiques, l’opéra est le véhicule d’idéaux politiques propres aux Lumières et au romantisme. De l’exploitation diplomatique et politique du mythe d’Europe dans Europa riconosciuta de Salieri (Jean-François Lattarico), aux échos de la révolution grecque dans Le Siège de Corinthe de Rossini (Damien Colas), ce numéro d’Orages cerne la dimension à la fois spéculaire et réflexive de l’opéra des années 1760-1830.
Le Cahier annuel d’Orages, outre les Varia (Fabienne Bercegol, Nicolas Manuguerra) et le Fil-rouge (Jean-Noël Pascal), offre un entretien exclusif avec Agnès Terrier, dramaturge de l’Opéra-Comique.
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