L’astronomie entre lettres et sciences
Présenté par Stéphane Zékian
À la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, le monde des astres représente un objet de discours âprement disputé. En cette période de mutations intellectuelles et institutionnelles, la conquête de l’espace s’accomplit sous les bannières concurrentes de l’expertise savante et de l’intuition poétique : étoiles, planètes, comètes sont alors tiraillées entre les nomenclatures d’une science astronomique en progrès constants et les projections, en apparence moins sérieuses, des hommes de lettres et autres utopistes. Au-delà des querelles de légitimité, ces conflits témoignent de visions du monde et de la société très contrastées, l’essor des sciences du calcul suscitant des résistances parfois virulentes à la mathématisation du sensible.
Ces tensions sont révélatrices d’un combat livré aux frontières des régimes de discours et des institutions de savoir. C’est sur le tracé sinueux de ces frontières que revient ce numéro d’Orages. Des figures célèbres comme l’astronome Lalande, Charles Fourier, Louis-Sébastien Mercier ou Restif de la Bretonne y côtoient des auteurs qui, pour être moins consacrés, n’en jouèrent pas moins un rôle important dans cette curieuse et très édifiante guerre des étoiles.
Le cas exemplaire de l’astronomie apporte un éclairage idéal sur un processus dont nous sommes aujourd’hui encore les héritiers, celui de la séparation des discours et de la spécialisation des compétences.
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