N°18 Les Révolutions de l’intime

Numéro dirigé par Paul Kompanietz et Jean-Marie Roulin

couvorages18Les années 1760-1830 constituent le laboratoire où se redéfinit et se cristallise cette notion que la modernité a désignée d’un substantif, « l’intime ». Ces années parachèvent ce que l’on a naguère décrit comme l’« invention de l’intimité », lisible jusque dans les objets et les espaces de la vie quotidienne, et lèguent au XIXe siècle le sens du for privé, ainsi que le désir d’explorer la vie intérieure, qui s’exacerbera jusqu’à l’hypothèse de l’inconscient. Entre la parution de La Nouvelle Héloïse (1761) et celle de Vie, Poésies et Pensées de Joseph Delorme (1829),
le moment 1800 voit le champ des écritures de l’intime s’étendre pour irradier tous les genres. L’apparition vers 1830 de la catégorie critique de littérature intime prend acte de cette extension du mouvement d’intériorisation qui s’est jouée autour de 1800. Nourrie des philosophies des Lumières, si soucieuses par ailleurs de publicité, puis associée au culte romantique de la subjectivité, la question de l’intime se révèle d’autant plus complexe qu’elle surgit sur la scène d’une Histoire bouleversée, temps où l’omniprésence des intérêts publics a rendu problématique l’expression du moi le plus intérieur.
De quel droit parler de soi ? Quelle peut être la place des expériences personnelles et des émois individuels ou des passions en cette époque troublée ? Les événements de la Révolution puis de l’Empire et de la Restauration ont-ils provoqué un reflux de l’espace intime ou, comme l’attesterait plutôt la vitalité des mémoires, autobiographies et correspondances, ont-ils favorisé l’efflorescence
d’une littérature de l’intériorité ? Considérant que son champ opératoire ne se limite pas aux genres qui lui sont traditionnellement associés, ce numéro d’Orages explore la manière dont des textes de tous genres interrogent l’intime, et comment, à son tour, l’intime suscite de nouvelles pratiques d’écriture.
Un choix de lettres de jeunesse de Manon Phlipon (Mme Roland), présentées par Cyril Francès, et un entretien exclusif avec Michelle Perrot complètent le dossier.

Illustration de couverture : Portrait de Camille Desmoulins en famille. Atelier de Jacques David, huile sur toile, vers 1792. Musée national du Château de Versailles.

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